Les pistes latéritiques

Objectifs spécifiques

Favoriser le désenclavement de la zone avec des techniques simples, maitrisées par les entreprises locales, peu couteuse à l’entretien, avec des matériaux locaux.

Fiche technique

Le raccordement de DEMBELLA à la piste latéritique BLENDIO - NIENA (route nationale SIKASSO - BAMAKO) a été réalisé en deux parties. Il s'agit de 6,5km de piste latéritique en remblais (raccordant DEMBELLA à N’Tiobougou) pour désenclaver la commune tant sur le plan économique (coton, céréales, commerce) que sur le plan social (accès au CSCOM, voir des hôpitaux de BAMAKO ou SIKASSO).

2000 : Tronçon Dembella - Tietimbougou

Comme pour tous les projets, la commune participe à toutes les étapes de la réalisation :

- définition du tracé

- participation financière et en main d’œuvre

- mise en place d’une commission « entretien des ouvrages » pour en assurer la pérennité

     

2006 : Tronçon Tietimbougou – Ntiobougou

N’Tiobougou étant situé à l’extrémité de la commune de Blendio, alors que tout le reste de la piste est sur la commune de Dembella, ce tronçon a du être réalisé dans le cadre intercommunal, et il a été essentiel de discuter avec la population de N’Tiobougou pour bien faire comprendre le projet et revoir avec eux l’accès à la piste depuis le village tout proche.

2007 : Ajout d’un ponceau à N’Tiobougou, qui s’avère indispensable lors de très gros hivernage comme ce fut le cas cette année-là : 1 km de piste recouvert par le débordement du marigot !

2009 : Ponceau de Tietimbougou : fortement sollicité par les habitants, la commune a décidé de réaliser ce ponceau pour permettre un accès plus direct d’un des quartiers du village à la piste, car ils devaient faire un détour en saison des pluies à cause de l’importante quantité d’eau circulant le long de la piste pendant l’hivernage.

La piste Blendio – Benkadi

2010 : Les études techniques

Benkadi est une commune très enclavée pendant l’hivernage, en raison des nombreux cours d’eau temporaire qui jalonne la piste d’accès à Blendio. La commune a donc fait de cette piste une priorité et les études techniques ont été réalisées en 2010 (cofinancement Union Européenne).

2012 : Réalisation des ouvrages d’art de la piste, dans un premier temps, car nous n’avions pas les fonds nécessaires pour réaliser en même temps la latérite. L’entreprise Nietaga Wale, qui a en charge le chantier, réalisera également les raccords en latérite, pour que les ouvrages soient utilisables immédiatement. Participation financière de 5% de la commune de Benkadi.

       

2013 : Réalisation du premier tronçon de la piste de Benkadi, sur laquelle se trouvait le plus grand nombre d’ouvrages, car il ne fallait pas laisser l’eau creuser autour des ponts et ponceaux, ce qui les auraient rendus infranchissables.

L'approvisionnement en eau à la retenue de Ouetto, proche du chantier, a facilité les travaux.

Comme l'impose désormais la loi malienne, les Eaux et Forêts sont venus recenser les arbres abattus lors du chantier, et ont constaté qu'aucune espèce protégée n'a été détruite.

Suite aux évènements nationaux, les communes n’ont pas reçu les dotations de l’état prévu. Face à ce budget diminué, la commune nous a demandé exceptionnellement de réduire le montant de leur participation, pour qu’elle soit sure d’assurer ses engagements (2,5% au lieu des 5% que nous demandons habituellement sur les gros ouvrages).

   

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Actions d’accompagnement

Nous accompagnons les communes dans leur structuration pour assurer l’entretien et la maintenance des ouvrages, mais aussi pour définir petit à petit un plan de désenclavement de leur territoire.

Pour en savoir plus :  « Le rôle des communes dans le désenclavement »

Inauguration de la piste de BENKADI :

Spécificités des réalisations

Le contexte local nous a conduits à privilégier la piste latéritique en remblai compacté :

- un fort enclavement de cette zone rurale

- un climat difficile pour la route (pluviométrie moyenne de 1 400 mm/an, sur une très courte période)

- un matériau abondant : la latérite

Les avantages par rapport au goudron :

- un cout inférieur

- l’utilisation de matériaux locaux

- une maitrise locale de la technique

- une facilité d’entretien par les populations (âne, charrette, latérite, pelle, pioche)

- une pérennité dans le temps (les 6 km de piste de Dembella sont quasiment indemnes après 12 années de service)

Les inconvénients :

- deux camions ne se croisent pas étant donné la largeur de la piste

- la vitesse est plus restreinte que sur le goudron (mais c’est un avantage dans les zones habitées)

- l’accès à la piste ne peut se faire en tout lieu avec la charrette à âne, en raison de la pente sur les côtés : il faut donc aménager des accès, de type buse ou ponceau, qui ne gênent pas la libre circulation de l’eau

La technique :

- Effectuer les ouvrages d’assainissement comme pour le goudron (gués, buses, ponts et ponceaux)

- Réaliser le terrassement et le compactage pendant la saison des pluies, pour une meilleure mise en place et avoir moins d’eau à transporter

- Réaliser un talutage

- Observer une légère pente sur toute la surface de la piste pour l’écoulement de l’eau

- Selon la nature du terrain, gabionner les talus dans les descentes à fort ruissellement pour disperser l’énergie de l’eau

Apport technique de l’entreprise Nietaga Wale sur la piste Blendio-Benkadi

- Voyant que la qualité de la terre noire sur BENKADI n'était pas bonne, l'entreprise a réalisé l'ensemble de l'ouvrage en latérite, au lieu de faire la première couche de roulement en terre noire comme cela se fait habituellement. Ainsi, la piste sera d'autant plus résistante sur la durée.

- De plus, pour s'assurer de la bonne tenue de la piste, les retouches prévues entre la réception provisoire et la réception définitive (un an après) ont été faites volontairement après la campagne du coton, car les camions qui viennent le chercher sont les plus gros véhicules utilisant la piste. Ainsi, nous avons pu nous assurer de la résistance de la piste par rapport aux véhicules qui l'empruntent.

Résultats

Sur le plan technique

Grâce au sérieux de l'entreprise Nietaga Wale, qui a réalisé les ouvrages, et à sa bonne connaissance de la zone :

La technique a su faire ses preuves car depuis la réalisation du premier tronçon en l’an 2000, aucun gros travail de rénovation n’a encore été nécessaire.

Cela est du aussi à l’entretien annuel par les jeunes du village, qui rebouchent les trous avec de la latérite. Le passage des véhicules permet ensuite de tasser la terre et la piste redevient très vite roulante.

Pour le développement des communes

La piste Dembela-N’Tiobougou a permis de réduire à 30 minutes le trajet Dembela-Blendio, contre plus de deux heures auparavant (en saison sèche, bien plus encore en saison des pluies !)

Depuis la réalisation de la piste de DEMBELA, on note une fréquentation accrue du marché de Dembella, qui s’est agrandi et permet aux habitants d’avoir accès à une plus grande diversité de produits. De même, les petites boutiques permanentes se sont multipliés dans le village.

De même, les transports en commun se sont multipliés, et les chauffeurs sont prêt à payer un péage tellement ces ouvrages ont facilité leurs déplacements !

A partir de Dembela, il y a maintenant 4 mini-bus par semaine qui assure le transport des passagers vers différentes destinations, mais aussi un camion proposant le transport du bétail pour le marché de Niena, la ville la plus proche, et un camion de transport de marchandises le jour du marché hebdomadaire du chef-lieu.

Les pistes permettent de diviser par trois le temps nécessaire pour relier deux communes en tant normal, et de rendre possibles ces traversées en saison des pluies, alors que les communes pouvaient être coupées du reste du pays pendant plusieurs semaines auparavant.

Dès la réalisation de la piste, la commune de Benkadi a immédiatement mis en place une taxe sur les véhicules à 4 roues, afin de prévoir l'entretien de la piste.

Ce qui n'a pas empêché le développement des transports sur la commune : avant la piste, aucun véhicule ne s'aventurait jusqu'au chef-lieu pendant l'hivernage. Alors qu'il y a désormais des lignes régulières de mini-bus et de transports de marchandises toute l'année.

Et chaque année, à Dembela comme à Benkadi, les jeunes des villages participent à l'entretien des pistes, comme nous avons pu à nouveau le constater en 2018/2019 :

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