Les Banques de Céréales

Objectifs spécifiques

- La sécurité alimentaire d'une année sur l'autre,

- La régulation des cours en période de « soudure »,

- La commercialisation, en cas de pléthore, des céréales vers les régions plus défavorisées du Mali,

- Le stockage des céréales dans les meilleures conditions possibles.

- A terme, gestion des stocks produits sur les futurs plaines rizicoles

Fiche technique

La banque de céréales, une réponse aux problématiques posées par le climat :

Une seule saison de production des céréales, avec des cours très bas, puis une longue période de "soudure", où il faut tenir jusqu'à la prochaine récolte, et où les prix des céréales s'envolent.

Les banques de céréales villageoises

Création de 13 structures "Banques de céréales" de 1992 à 1998
Construction de 11 magasins de stockage (achevés en 1997)
Création d’un comité de gestion autonome et formation: une commission de gestion par village,
Création d’un comité de gestion central qui contrôle et encadre le fonctionnement des 10 banques de céréales.

L'évolution vers les banques de céréales communales

Les banques villageoises se sont heurtées aux problèmes coutumiers et à la gestion de fait par les autorités villageoises, qui a mis à mal leur fonctionnement dans de nombreux villages : parfois détournement, mais surtout mauvaise compréhension du fonctionnement, car les céréales étaient utilisées pour les besoins du village, tel que réparation d'infrastructures, fêtes villageoises ou restauration sur les chantiers communaux. il n'y avait souvent plus de fonds de roulement pour reconstituer le stock au moment des récoltes.

Les élus de DEMBELLA ont trouvé eux-mêmes la solution, en proposant la création d'une banque de céréales communale.

Nous financerons donc la création et l'équipement de 4 Banques de Céréales Communales (BCC) entre 2006 et 2008, dont une cofinancé par l'ANICT.

Actions d’accompagnement

Formation

Formation en gestion : comptabilité entrées/sorties, gestion des stocks, définition des prix, bilan prévisionnel, contrôle de la trésorerie, etc.

Sensibilisation

Enjeux et fonctionnement de la banque de céréales, à l'aide d'un diaporama et d'un film d'animation réalisés par les bénévoles de l'A.R.C.A.D.E. Les documents sont commentés en direct et en bambara par notre chef de projet.

La sensibilisation se fait au Mali, auprès des élus, du comité de gestion et de la population.

Mais elle se fait également en France, auprès de nos partenaires et du grand public.

Suivi de gestion

Grâce aux interfaces comptables disponibles au C.I.A.G.E.

Pour en savoir plus sur le C.I.A.G.E.

Appui-conseil

Le suivi régulier de ces structures nous permet de les accompagner et de les conseiller, tout en les laissant libre de leur décision

- Ainsi, à TELLA, nous servons de médiateur entre le président du comité de gestion et la commune, à qui il ne veut pas rendre de compte. Nous rappelons donc que la compétence appartient à la commune et que celle-ci doit jouer son rôle de contrôle pour assurer la transparence de gestion et la bonne marche de la BCC.

- En 2008, l'état malien a doté chaque commune du pays de 20 tonnes de céréales. Nous avons accompagné les comités de gestion et les communes pour pouvoir intégrer ce don dans la BCC et faire accepter par tous la notion de banque unique : lors du don de l'état, la préfecture s'est trouvé devant une situation particulière avec des communes possédant déjà une BCC, mais avec un fonctionnement différent de celui imposé par l'Etat en échange du don de céréales... Ce problème a pu être résolu dans les communes dépendant de la sous-préfecture de Blendio, ayant bien compris l'intérêt de n'avoir qu'une seule structure de gestion, ne serait-ce que pour la clarté et la transparence de la comptabilité !

Spécificités des réalisations

Principes de fonctionnement

- S’il le désire, chaque paysan peut adhérer à la structure Banques de Céréales (BC) de son village,
- il s’engage donc à vendre à la BC ses surplus après avoir retenu sa consommation personnelle au cours fixé par l’assemblée générale,
- en contrepartie, la BC s’engage à lui revendre en priorité (par rapport aux non adhérents) des céréales à la période de « soudure » en cas de pénurie,

- en cas de pléthore, la BC s’engage à commercialiser les surplus, après avoir constituer un stock de sécurité, renouvelable, mais qui doit-être permanent.

Cliquez sur l'image pour visionner le diaporama de fonctionnement de la BCC :          

Evolution

Les 4 structures sont gérées par un comité, désigné par le conseil communal. Les BCC sont désormais sous le contrôle du CIAGE : Chaque semaine, les données du trésorier sont entrées dans l’interface informatique, qui permet de vérifier la comptabilité, mais aussi les stocks, de créer des bilans à destination des membres et des communes, et d’aider les élus à définir les prix d’achat et les prix de vente.

 

2011 : la saison des pluies a plus d’un mois de retard et elle est très irrégulière, les greniers sont vides alors que le maïs n’est pas encore à maturité. Les BCC ont joué leur rôle de sécurité alimentaire, en vendant à des prix abordables les céréales nécessaires pour passer la période de soudure.

Ci-dessous : tableau comparatif de 2008 à 2011 / pluies journalières en 2010 / pluies journalières en 2011.

    

Ces données concernent uniquement le village de Dembella, car les pluies ne sont pas homogènes sur l'ensemble de la zone.

Enjeux

Les BCC ont en premier lieu une vocation sociale, en assurant l'autosuffisance alimentaire des populations. Cet objectif est atteint sur notre zone d'intervention, mais il s'agit aussi de structures économiques, qui sont pour l'heure gérées par des comités de gestion bénévoles, par délégation de gestion de la commune. Il faut pouvoir professionnaliser ces structures pour qu'elles participent pleinement au développement de la zone :

- Il est essentiel que la commune, à travers son personnel comptable et ses élus, contrôle la gestion de la banque et soit capable d'intervenir en cas de problème.

Le C.I.A.G.E. joue là un rôle important pour assurer la transparence de gestion et la transmission des informations.

L'enjeu est maintenant pour les élus de jouer pleinement leur rôle en définissant la ligne politique que doit tenir la BCC, tout en maintenant l'équilibre financier de la structure.

A terme, il faut aller vers :

- l'embauche de personnel qualifié issu d'écoles de gestion maliennes pour faciliter la gestion de ces banques et la qualité du service rendu (prix, disponibilité, qualité des produits),

- une systématisation du reversement d'une partie des bénéfices à la commune pour participer au développement d'autres services à la population,

- créer des liens durables avec des régions déficitaires du Mali pour participer à l'autosuffisance alimentaire au niveau national, en cas de surplus de céréales sur la zone.

Résultats

Les banques de céréales, ont prouvé, après les mauvais hivernages de 1995 et 1998 et les problèmes liés au coton en 2001, tout leur intérêt auprès des populations, qui ont massivement adhéré à ces structures.

 

Les banques villageoises qui avaient intégré le fonctionnement ont pu passer la crise alimentaire de 2003 sans faire appel à l'aide extérieure. 3 d'entre elles son toujours en activité 20 ans après.

Grâce au suivi, les comités de gestion ont su évoluer pour améliorer leur fonctionnement. A Blendio par exemple, la BCC parvient maintenant à recouvrir toutes les créances auprès des commerçants, à qui elle confie l'achat des céréales, ce qui n'était pas le cas les premières années.

Peu à peu, chaque BCC a su adapter le fonctionnement de base aux spécificités de sa commune, et nous avons fait évoluer les interfaces de gestion en conséquence :

A TELLA, les céréales peuvent être cédées à crédits, mais sont remboursés en céréales avec une plus-value en céréales, ce qui assure un stock permanent et demande moins de fond de roulement.

A BENKADI, la BCC achète du riz quelques mois avant le ramadan, et le revend à un prix inférieur au prix du marché à sa population au moment du ramadan, pendant lequel la demande est très forte. Ce système lui permet d'assurer sa stabilité financière.

   

Un projet pilote : le maire de DEMBELLA a été contacté par le ministère de l'agriculture du Mali en 2007, pour autoriser l'inscription du concept de banque de céréales communale dans le plan de sécurité alimentaire nationale, dotant chaque commune du Mali de 20 tonnes de céréales.

Une partie des bénéfices (entre 50 000 et 200 000 Fcfa) est versé au budget de la commune pour participer au développement de la zone.

Depuis leur création, les BCC ont toujours pu renouveler leur stock de céréales.

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